rencontre

Publié le par Mickaël

 S'insurger, courir les rues d'Alep au travers des ruelles écharpées et encombrées de débris, la nuit qui cache cet étalage de misère et de volonté débrouillarde. L'éclat des coloris fruités, les amoncellements de légumes en jute, le sourire spontané et sans fioritures, cette nuit nauséabonde lorsque la fenêtre s'ouvre, ces âcretés d'odeurs qui chatouillent la gorge encore humide de thé. Les pneux qui crissent à force de zigzags imprévus, ces panneaux indicateurs imaginaires et pourtant fidèlement engrangés, cet arrêt brusque près d'un attroupement mobile et fluide, une parade de collines sorties d'un manga japonais. Du brun à tous les étages, du noir à tous les cheveux, du beige crême qui assèche la peau. Et surtout la tête lourde de sommeil, encore illuminée par la citadelle d'avant l'aube. Une femme voilée d'indigo, plus trivialement d'un bleu sombre délavé, un regard happé avec la balourdise de l'européen à moitié réveillé, presque endormi. Sursaut des connexions, sursaut de conscience éveillée, une moue de dépit car la fuite est inévitable. Un adieu consenti avec résignation. Des montagnettes de poivrons, cette filasse qui traîne au sol, et soudainement une main sur le coeur, un sourire lancé avec générosité, l'élan de ce qu'il nous reste d'humain.

 

Syrie ALEP 2010

 

 

Si peu de choses ont changé, les vêtements, les panneaux publicitaires, peut-être les odeurs imprégnées de ces relents d'industrie polluante. La grande inconnue du filtre absent. Ces fibres salies et noircies d'un mélange de crasse travailleuse, ce courage face à la vie ingrate, ce sens du non-sens, cette détermination tout sourire et ce partage d'humanité qui vous fait croire à nouveau à l'homme. Deux mots, la Syrie.


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